Portrait

Marie Besse, professeure d'archéologie préhistorique

Marie Besse, mère de deux filles, a d’abord travaillé comme maître assistante, à 50% à l’Université de Genève, et à 50% à l’Université de Neuchâtel. En 2003, elle devient professeure assistante à l’Université de Neuchâtel (poste de professeure boursière du FNS). Depuis 2005, elle est professeure d’archéologie préhistorique à l’Université de Genève, Directrice du Département F.-A. Forel des sciences de l’environnement et de l’eau (depuis 2016) et Responsable du Laboratoire d’archéologie préhistorique et anthropologie.

(mai 2018)

 

Quelles disciplines avez-vous étudiées et dans quelle université ?

J’ai obtenu un master en archéologie préhistorique à l’Université de Genève en 1992. Cette formation était alors ancrée en Faculté des sciences, avec une composante forte en sciences de la nature (biologie, mathématiques, physique, chimie, géologie). J’ai poursuivi ma formation par un séjour d’une année en Allemagne, à l’Université de Freiburg im Breisgau. Je suis revenue à Genève où j’ai mené des études de mathématiques pendant une année, avant de commencer une thèse ès sciences, mention archéologie préhistorique. J’ai commencé ma thèse en 1994 alors que j’étais enceinte de ma fille ainée, et je l’ai poursuivie jusqu’en 2001, année de soutenance ; elle a été ponctuée par la naissance de ma deuxième fille en 1996.

Comment avez-vous vécu vos études, qu’est-ce qui vous a particulièrement plu ou fait plaisir et qu’est-ce qui vous a au contraire causé des difficultés ?

J’ai eu beaucoup de plaisir dans mes études, notamment lors de visites de sites archéologiques, de musées et surtout pendant les fouilles archéologiques. J’aime non seulement le travail de terrain, mais aussi travailler en équipe. Je trouve que la fouille est un moment privilégié dans la vie d’un étudiant et d’un archéologue ! En parallèle du cursus universitaire, j’ai participé à de nombreuses fouilles archéologiques, en Suisse, en France, au Canada, sur des types de site variés. Cette démarche a été très formatrice et m’a permis de prendre la direction de fouilles archéologiques très tôt dans ma trajectoire professionnelle

Pour quelles raisons conseilleriez-vous à un/e gymnasien/ne de choisir des études dans le domaine des sciences de l’Antiquité ?

Le métier d’archéologue préhistorienne est passionnant. La phase de la fouille archéologique nous oblige à travailler à l’extérieur, et l’activité physique est dès lors relativement importante. Puis l’analyse se poursuit en laboratoire, mobilisant différentes techniques. Il faut également lire, rédiger et se rendre à des congrès pour connaître la recherche qui se fait et pour éventuellement présenter ses résultats. Il n’y a donc aucune routine, on ne s’ennuie pas. Le questionnement sur le fonctionnement des sociétés du passé est le fil rouge de toutes ces étapes.

Pourriez-vous nous décrire brièvement votre activité professionnelle actuelle, en mentionnant les aspects que vous appréciez en particulier et ceux qui vous plaisent moins ?

Je suis archéologue, préhistorienne et professeure à l’Université de Genève. Mes activités sont multiples. J’enseigne à tous les niveaux (bachelor, master, doctorat). Je mène des recherches scientifiques, ce qui comprend la direction de fouille, les analyses qui en découlent et la publication des résultats. A chacune des étapes de ce processus de recherche, j’essaye d’intégrer les étudiant-e-s. La publication d’ouvrages et d’articles est une part importante de mon activité. J’encadre les étudiant-e-s dans la réalisation de leur mémoire de master et de doctorat afin que chacune et chacun puisse le mener à terme avec des résultats intéressants. Une partie de mon temps est destiné à la recherche de fonds pour financer mes recherches. Je suis également membre de commissions scientifiques qu’il m’arrive de présider, tant pour la gouvernance de la recherche que pour l’évaluation de la recherche en cours, tant en Suisse qu’à l’étranger. Je donne des conférences scientifiques, j’organise des congrès internationaux et je participe également à la valorisation de l’archéologie auprès du grand public par des conférences et visites guidées.

Qu’est-ce que vos études vous ont apporté d’utile pour votre activité actuelle ?

Tout ! Les connaissances de bases factuelles de la préhistoire de l’Europe et l’aptitude à mener une recherche scientifique exigeante.

Quelles sont les connaissances et les capacités qui sont essentielles pour votre vie professionnelle actuelle et que vous avez acquises en dehors du contexte de vos études ?

Le plaisir de l’effort, la détermination, l’exigence du travail bien fait, le respect des collègues, des étudiants et de leur travail …

Rétrospectivement, quelles conditions vous semblent importantes pour faire des études dans le domaine des sciences de l’Antiquité ?

Il faut être curieux, motivé, mobile, ouvert, aimer travailler en équipe, à l’extérieur comme à l’intérieur, voyager, travailler beaucoup et savoir saisir les opportunités.

Avez-vous eu de la facilité à trouver un emploi après vos études ?

Je ne peux pas dire que cela a été facile. Mes contrats ont été pendant de nombreuses années à durée déterminée. J’ai été deux fois une année au chômage. J’en ai profité pour publier des articles et des livres, ce qui a été bénéfique pour avoir un CV concurrentiel lors de mes postulations ultérieures. J’ai travaillé dans d’autres cantons que celui où j’habitais, ce qui m’a obligée à passer beaucoup de temps dans le train. J’ai organisé ma vie professionnelle et familiale, avec mes deux filles alors petites, pour que tout puisse se passer au mieux.

Marie Besse, professeure d'archéologie préhistorique à l'Université de Genève